
Hagetmau chef-lieu
de canton des LANDES est une ville de 4500 habitants traversée par
le Louts, petit affluent de l'Adour. Très tôt ses rives sont
peuplées ainsi on a pu retrouver de larges gisements d'outils
préhistoriques notamment de belles haches en pierre polie et un
ensemble important de tumulis.
HAGETMAU va prendre son essor au IVème siècle. Selon des faits
quelque peu légendaires, ce sont deux envoyés du Pape LIBERE, partis
d'Afrique du Nord et passés par JERUSALEM qui vinrent évangéliser la
CHALOSSE, région du Sud de l'ADOUR. L'un d'eux, GERONTIUS ou GIRONS,
arriva aux rives du LOUTS. Il convertit les populations de la
contrée et fut pris et martyrisé par les Wisigoths ariens vers 406.
Enterré sur place, sa tombe et ses miracles attirent des pèlerins.
Un petit édifice de bois est alors construit pour abriter sa tombe
et les pèlerins.
Ainsi, au cours du VIIIème siècle, une communauté de religieux
s'installe et amorce l’édification d'une petite agglomération, SAINT
GIRONS de HAYET. Toujours selon la légende, au cours d’une
expédition en AQUITAINE, CHARLEMAGNE s'arrête au tombeau du SAINT
GIRONS. Le sanctuaire de bois lui paraissant trop modeste il fait
construire un édifice de pierre digne de la renommée du saint. On
tient pour fait certain que les WIKINGS, remontant les fleuves,
saccagent et ruinent l'église et le moulin de SAINT GIRONS en 859.
Il faut donc reconstruire. Au cours du XIème siècle, l'abbaye,
placée sous la règle bénédictine, comprend une église et sa crypte,
une salle capitulaire, un cloître et des bâtiments conventuels.
Pendant ce temps, à environ un kilomètre, la Bourgade (centre ville
actuel) se développe autour du château, résidence de la famille de
LESCUN, seigneurs du lieu. La ville, en forme de croissant,
s'accroche au versant de la vallée du LOUTS sur la rive droite. Des
remparts percés de quatre portes forment l’enceinte de la ville. Les
maisons s'alignent le long de deux rues en forte pente parallèles
aux murailles; des venelles relient ces rues de loin en loin. Au
sud-est s'élève le château. Par sa situation HAGETMAU se trouve sur
l'une des voies de SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE, celle de
VEZELAY.Dès lors entre l'abbaye de SAINT GIRONS et la bourgade de
HAGETMAU s'élève l'hôpital des pèlerins et la chapelle SAINT MICHEL.
Ainsi, la ville est une seigneurie rattachée au royaume de NAVARRE ,
son domaine s'étend jusqu'au coeur du BEARN: LESCUN, LOUVIGNY,
ANDOINS, ARTHEZ, COARRAZE.
Au cours de son règne , le Roi EDOUARD Ier d'ANGLETERRE, avec la
reine, visite son royaume qui englobe l'AQUITAINE. Le 10 octobre
1287, il se rend à HAGETMAUet SAINT GIRONS. Le 11 octobre, le Roi
chasse et passe la nuit à BELLEGARDE à 2 km de HAGETMAU.
En 1457, par mariage de MARIE de LESCUN, le domaine tombe aux mains
d'ODET d'AYDIE, Connétable de France et conseiller du roi LOUIS XI.
Ses petits enfants dont ODET DE LAUTREC, Maréchal de France, chef
des armées françaises durant les guerres d'Italie et FRANCOISE de
CHATEAUBRIANT, maîtresse de FRANCOIS Ier n'ayant pas de descendance,
le domaine revient à un lointain cousin, PAUL d'ANDOINS qui aura de
son mariage une fille, DIANE d'ANDOINS.
De retour de captivité en ESPAGNE, FRANCOIS Ier y séjourne en 1526.
En 1555, le roi de NAVARRE HENRI II, rentrant d'un voyage, est pris
d'un malaise. Il est obligé de s'arrêter au château de HAGETMAU où
il meurt le 29 mai.
En 1569, les Guerres de Religion font rage en GASCOGNE et NAVARRE.
SENEGAS et de SALLES, capitaines de l'armée huguenote de MONTGOMERY
aux ordres de JEANNE d'ALBRET, brûlent l'église et l'abbaye; six
chanoines sont massacrés, les reliques de SAINT GIRONS dispersées,
les archives détruites.

PAUL d'ANDOINS aura donc de son mariage une fille, DIANE.
Romanesque, elle prend le nom de CORISANDE. Elle se marie le 16 août
1567 avec PHILIBERT de GRAMONT, comte de GUICHE. La seigneurie passe
alors dans la puissante maison de GRAMONT et le demeurera. Veuve à
vingt six ans CORISANDE devient la maîtresse de HENRI III de
NAVARRE, l'aide de ses deniers dans la reconquête du royaume de
France alors tiraillé par les guerres de religion entre Catholiques
et Huguenots. Intelligente et cultivée elle est l'amie et la
correspondante de MONTAIGNE. Dans sa descendance, on compte ses
petits fils: ANTOINE III de GRAMONT, Maréchal de France, qui
s'illustrera sur de nombreux champs de bataille, négociera le
mariage de LOUIS XIV avec l'Infante MARIE THERESE et deviendra un
brillant courtisan du roi. Un autre de ses petits fils le Duc de
LAUZUN et la famille GRIMALDI règnante à MONACO figure également
dans sa descendance.
En 1654, une épidémie de peste se déclare. Le 10 novembre, pour
arrêter le fléau, DOMINIQUE de LAGRUERE, à la tête des Jurats de la
ville, se rend à la collégiale de SAINT GIRONS. A SAINT ROCH Il
forme le voeu de bâtir un oratoire à sa dévotion et de venir chaque
16 août en procession. En 1792, lors d'une épidémie frappant les
animaux, le voeu est renouvelé par le Maire DECLA. Cette cérémonie,
où les fidèles font bénir les prémices d'ail et de maïs pour la
protection des récoltes, perdurera jusque dans les années 1970, bien
après même la démolition de l'oratoire en 1886.
En 1664 HAGETMAU et ses environs sont le théâtre de la révolte de
BERNARD d'AUDIJOS contre l'imposition de la Gabelle par COLBERT, en
effet depuis l'occupation anglaise, la GASCOGNE en était dispensée.
D'AUDIJOS mène une véritable guerrilla. Les pillages, les morts, les
roués se multiplient. La querelle ne prendra fin que vers 1670.
En 1763, le château, demeure des Ducs de GRAMONT qui n'y vivent plus
guère, est définitivement fermé après avoir été dépouillé de ses
meubles et tapisseries. Il sera démoli au début du 19ème siècle.
Nous n'avons, hélas, aucun détail de cette destruction; démolition
sur l'ordre de qui ? A t-il été vendu ? Par qui ? Dans quelles
conditions ?
Sous la révolution, la laïcisation de la vie publique entraîne la
main mise sur le moulin en 1791, l’exil des chanoines en 1792, le
vol du mobilier de l'église en 1793. L'Abbaye est abandonnée, le
nouveau culte révolutionnaire triomphe dans la partie ville de
HAGETMAU.
En 1807, des Ursulines venues de TARTAS puis les Dames de la
Doctrine Chrétienne essaient de redonner vie aux bâtiments. De 1855
à 1862, des Jésuites espagnols s’y installent. Plus tard le cloître
et la salle capitulaire disparaîtront, seule l'église gardera son
statut d'église paroissiale.
Au moment de la retraite d'Espagne des armées de NAPOLEON 1er, Le
Duc de WELLINGTON, à la poursuite du Maréchal SOULT, fait étape à
HAGETMAU le 28 février 1814; il dort à la maison SAINT-CHRISTAU.

En 1845 la route nationale 133 est ouverte. longeant l'ancienne
bourgade à l'est. la ville nouvelle actuelle se développe vers l'est
au détriment de l'ouest, avec la construction d'un pont de pierre
sur le LOUTS et d'une nouvelle église en 1884.
La période 1848-1851 voit se développer à HAGETMAU une forte poussée
des Républicains, plutôt modérés. La Révolution de 1848 met en
lumière un journaliste républicain, PASCAL DUPRAT, né à HAGETMAU le
24 mars 1815. Plusieurs fois élu député sur les bancs républicains,
il s’oppose vivement à NAPOLEON III qui le fait exiler. Ministre
plénipotentiaire de la Troisième République au CHILI, il meurt le 9
septembre 1885 sur le bateau qui le ramène en France,. Au lendemain
du coup d'état du 2 décembre 1851, le préfet révoque le maire
JEAN-AUGUSTE DUPUY et ses adjoints; le Conseil Municipal est
dissous. Les hagetmautiens républicains sont surveillés et certains
sont même astreints à résidence.
Pendant la guerre 1939-1945, la ville au bord de la Nationale 133 se
trouve prise dans la zone occupée et la troupe allemande avec postes
frontières s'y installe. Il s'y fait de nombreux passages de
proscrits vers la zone libre. Un groupe de Résistants assurera le
parachutage de matériel destiné au maquis landais.
Deux personnalités contemporaines nées à Hagetmau sont à signaler:
-Le docteur FERNAND LUBET-BARBON (1857 - 1948). Professeur en
médecine, il s'intéressera aux maladies de l'oreille er des voies
respiratoires et mettra au point plusieurs traitements de ces
maladies.
- HENRI LEFEBVRE, (1901 -1991) philosophe marxiste, il s'est penché
dans ses oeuvres sur les problèmes de vie quotidienne, de
consommation et de publicité.
Auteur
landais